
13 janv. 2025
L’IA est partout. Mais vos problèmes sont toujours là
La vraie transformation commence par vos questions, pas par vos outils.
Par Patrice Giardino – Consultant en stratégie, Revenue Operations & transformation IA
L’Intelligence Artificielle est désormais omniprésente.
Dans les discours, les plans stratégiques, les logiciels, les promesses.
Mais dans l’entreprise, les mêmes blocages qu’avant subsistent :
Des équipes désalignées
Des décisions floues
Des données dispersées
Des outils sous-utilisés
L’IA n’a pas effacé ces problèmes. Elle les a révélés.
Et parfois, elle les a aggravés.
🧠 Le fantasme technologique : accélérer ce qui n’est pas encore clair
La promesse implicite de l’IA est simple : aller plus vite, décider mieux, faire plus.
Mais dans une organisation où le sens est incertain, accélérer n’est pas un progrès — c’est un emballement.
Comme le disait Hannah Arendt, “le progrès technologique n’a de valeur qu’à la condition qu’il serve une finalité humaine clairement énoncée.”
Une IA bien entraînée peut prédire un churn client.
Mais elle ne décide pas à votre place de ce que vous voulez faire de cette information.
Elle ne remplace pas l’effort stratégique. Elle le rend encore plus indispensable.
🛠️ Ce que l’IA ne peut pas faire pour vous
Dans plusieurs missions récentes, l’IA a été envisagée comme solution miracle :
Automatiser des scoring clients sur des bases non nettoyées
Prédire des ventes sans étapes de cycle formalisées
Intégrer des bots conversationnels là où il n’y avait aucun référentiel de réponse
À chaque fois, les effets ont été limités voire contre-productifs.
Pourquoi ? Parce que l’IA ne remplace pas la pensée structurée.
Elle ne pallie ni l'absence de stratégie, ni celle de pilotage.
Gilbert Simondon le formulait ainsi : “Un individu n’est jamais dissocié de sa technique. Toute machine révèle l’état de la culture qui la produit.”
L’IA n’est donc pas neutre.
Elle agit dans le prolongement d’un système de pensée. Elle l’exacerbe.

🎯 L’IA n’est pas un outil de pilotage. C’est un révélateur de vos contradictions
Quand une entreprise adopte l’IA sans s’être questionnée, elle découvre brutalement :
Que ses données ne sont pas gouvernées
Que ses équipes ne parlent pas le même langage
Que ses décisions reposent plus sur l’intuition que sur la méthode
Ce n’est pas une déception.
C’est une opportunité stratégique : celle de voir ce qui était invisible jusque-là.
Mais cela suppose de poser les bonnes questions avant de choisir les bons outils.
🧭 De la stratégie à l’éthique de l’IA
Comme le disait Bergson, “l’intelligence fabrique des outils, mais elle est incapable de fixer seule les buts.”
Ce n’est pas à l’IA de définir ce que veut votre entreprise.
C’est à votre gouvernance de décider ce qui vaut la peine d’être automatisé, observé, prédictible.
En l’absence de cette réflexion, l’IA devient un simulacre de décision, une esthétique de la modernité… sans transformation réelle.
L’éthique de l’IA, dans l’entreprise, ne commence pas par des chartes.
Elle commence par une question simple : pourquoi faisons-nous cela ?
🧩 Le point de bascule : quand l’IA devient structurante
Là où l’IA est intégrée dans une architecture claire, les résultats sont tangibles :
Un cycle de vente repensé avec des données claires : -36 % de durée moyenne
Un onboarding automatisé à partir de retours clients : +45 % de satisfaction
Un alignement entre Sales, Marketing et CS grâce à des alertes prédictives partagées
Mais ces résultats ne sont pas “dus à l’IA”.
Ils sont dus à la qualité du système dans lequel elle s’insère.
📌 Conclusion
Vous pouvez connecter ChatGPT à votre service client.
Intégrer une IA de scoring dans votre CRM.
Utiliser un moteur de prévision pour vos ventes.
Mais si vous ne vous êtes pas demandé :
Quelles décisions cela va-t-il éclairer ?
Quels comportements cela doit-il modifier ?
Quelle vision cela incarne-t-il ?
… alors vous n’avez pas fait de transformation.
Vous avez simplement ajouté un outil de plus.
L’IA ne pense pas à votre place.
Elle amplifie ce que vous avez déjà décidé — ou laissé en suspens.
Comme le rappelait Heidegger, “le danger n’est pas la technique. Le danger est quand l’homme en vient à s’y soumettre sans conscience.”

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